Andrieu-Amblard et l'Epi Salvagnacois : un duo de choc
Les deux entreprises, la SAS Andrieu-Amblard et la SA l'Epi Salvagnacois, sont les deux faces du même négoce et travaillent ensemble au développement de nouvelles activités pour leurs clients.
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Marie-Laure et Rémy Andrieu ont repris la coopérative de blé de Salvagnac, dans le Tarn, en 2013, alors que celle-ci était fort mal en point. Un investissement trop lourd dans un projet d'usine de valorisation de biomasse et de plaquettes pour l'alimentation animale, d'une capacité de 40 000 t par an, et un incendie qui avait détruit les 1 600 t de paille stockées pour démarrer cette activité, avaient affaibli la coopérative. D'abord reprise sous forme de Sica, aux côtés des agriculteurs coopérateurs, la structure a ensuite été transformée en société anonyme. Son nom a également changé pour devenir l'Epi Salvagnacois. « Nous avons progressivement racheté les parts de producteurs qui souhaitaient cesser leur activité ou qui partaient à la retraite, explique Rémy Andrieu. Parallèlement, notre chiffre d'affaires se faisait davantage avec nos clients qu'avec les adhérents de la coop. Nous avons donc fini par racheter toutes les parts et avons réussi à créer une SA en septembre 2016. » En 2012, le couple a également repris la société « Au groupement » à Gaillac (Tarn), un petit négoce traditionnel, qu'il a transformé en SAS Andrieu-Amblard. « Ma famille avait été dans le négoce pendant dix ans, à la tête de la société Amblard, précise Marie-Laure Andrieu. C'était donc un domaine que nous connaissions bien et dans lequel nous avions envie de nous investir à nouveau. Avant de reprendre ces deux structures, je travaillais chez le fabricant de sécateurs électriques Infaco, à Cahuzac-sur-Vère, et Rémy était dans les assurances à Gaillac. Pour nous, ça a été un vrai challenge ! »
La SA l'Epi Salvagnacois et la SAS Andrieu-Amblard travaillent ainsi ensemble, l'une sur la collecte et la vente des céréales, l'autre sur les appros. Le fait d'avoir gardé deux structures juridiques différentes a facilité la tâche des jeunes dirigeants pour reconstruire un portefeuille de fournisseurs. Aujourd'hui, négoce à part entière, l'Epi Salvagnacois-Andrieu-Amblard a accès à toute la gamme proposée par le réseau Impaact, auquel il a adhéré en 2014. L'entreprise travaille avec trois cent cinquante agriculteurs, implantés dans un rayon de 60 km, dont une centaine était anciennement coopérateurs. Elle collecte 35 000 t de céréales et oléagineux par an, dont 10 000 à 12 000 t de blé tendre, et dispose de 37 700 t de stockage.
Une spécialisation dans le blé tendre de qualité
Elle poursuit le travail sur le blé de qualité, initié par la coopérative. Plus de la moitié de sa production se fait sous certification CRC (culture raisonnée contrôlée) ou label rouge, ce dernier étant payé aux producteurs 8 à 15 % de plus que le blé conventionnel. Un centre de traitement du grain permet d'analyser la qualité des récoltes et de réaliser les mélanges demandés par les meuniers. Elle fournit 300 t de blés CRC par an à la filière tarnaise du pain Lo Cantel, et 500 t pour la farine La Fleur d'Autan, fabriquée par trois meuniers de la région et vendue en Occitanie. Des marchés de niche, mais qui apportent une valorisation et une reconnaissance du savoir-faire. « Nous sommes en permanence en recherche et nous testons chaque année cinquante variétés de blé, dont un tiers sont nouvelles, détaille Rémy Andrieu. Nous les présentons ensuite à nos meuniers et à nos agriculteurs lors d'une journée de visite de la vitrine. Cette année, nous avons par exemple semé de la bladette de Puylaurens, une variété qui date du XIXe siècle et dont nous avons trouvé quelques échantillons chez des producteurs bio. Nous avons eu des soucis avec la culture, car nous avons mis trop d'azote, mais nous allons quand même pouvoir faire des essais de panification. » Le négoce teste également, chaque année, une dizaine de variétés de tournesol et une trentaine de maïs. Pour conforter sa stratégie de croissance externe, Andrieu-Amblard a racheté, en juillet dernier, la société Vidal Appro services, implantée à Mazères (Ariège). « Nous cherchions à nous agrandir en appro et la reprise de Vidal, qui a la même philosophie que nous, était une bonne opportunité, reprend Rémy Andrieu. Vidal nous apporte son savoir-faire, dans sa façon de travailler les engrais et de proposer des produits spécifiques non banalisés. De notre côté, nous vendons nos gammes d'aliments pour animaux et de produits annexes comme les bâches, les ficelles, etc. Nous allons aussi présenter aux clients de Vidal notre service d'aide à la fertilisation azotée, qui repose sur l'utilisation d'un drone. »
Un drone pour piloter l'azote
En 2016, après avoir testé, pendant toute une campagne, l'utilisation d'un drone, pour fournir une imagerie et des données permettant de piloter avec précision la fertilisation azotée, l'Epi Salvagnacois-Andrieu-Amblard a acheté son propre drone, à la société Airinov. Un jeune salarié du négoce, Thibaut Dangles, s'est spécialement formé pour le piloter et assurer des prestations auprès des clients. Airinov collecte et traite les images prises par le drone et restitue les données permettant de décider où apporter de l'azote sur les parcelles. « Les premiers de nos clients qui ont testé ce service en 2016 ont obtenu de bien meilleurs résultats que leurs voisins, poursuit Rémy Andrieu. C'est un outil d'aide à la décision qui va évoluer et prendre de plus en plus de place. Bientôt, il pourra assurer la reconnaissance des plantes et aidera à moduler le désherbage. Nous réfléchissons aussi à son utilisation pour la vigne, un secteur sur lequel nous avons commencé à travailler en 2016 en appro, suivi technique et conseils. »
Des niches bien valorisées
Autre nouveauté, Andrieu-Amblard développe depuis 2016 un partenariat avec Terrya, fabricant d'aliment du bétail, pour fournir un nouveau service à ses clients qui sont éleveurs. L'Epi Salvagnacois lui livre en échange 2 000 t d'orge et de maïs. Enfin, dans le but de mieux valoriser les productions de ses agriculteurs, l'entreprise a acquis, l'année dernière, une presse à tournesol et colza, et fabrique sa propre huile. « Nous avions à coeur de créer un produit issu des cultures de nos agriculteurs et de le mettre en avant, précise Marie-Laure Andrieu. Nous produisons 70 t d'huile que nous vendons en partie en bouteilles, sous la marque Oli d'Elina, au siège de l'entreprise, dans les épiceries fines, les supermarchés locaux et à la Pause fermière, un magasin de producteurs qui a ouvert à Salvagnac. Nous vendons aussi une partie de l'huile en vrac, mais notre objectif est d'augmenter la proportion de bouteilles, quatre fois mieux valorisées. » Les tourteaux issus de cette transformation sont écoulés chez un éleveur local.
De nouvelles perspectives avec la stevia
Quant à la culture de stevia, mise en place dans le cadre de la création de la filière Stevianov, qui regroupe des opérateurs d'amont et d'aval, elle progresse car les producteurs sont parvenus à améliorer les rendements qui atteignent aujourd'hui 5 à 6 t de feuilles fraîches par hectare, soit 2 à 2,5 t de feuilles sèches. Le négoce dispose ainsi de 5 à 7 t de feuilles fraîches par an, mais la filière a du mal à décoller car le coût de la production est beaucoup plus élevé que les importations. La nouvelle réglementation européenne qui permet désormais de consommer les feuilles de stevia en infusion, et non uniquement sous forme d'édulcorant, devrait toutefois ouvrir de nouvelles perspectives à l'entreprise.
Florence Jacquemoud
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